WatchPeopleDie inaccessible en France : un tournant décisif dans la régulation du web
Publié le 19 décembre 2025 à 16:30 par Julien PrétotDurée de lecture : environ 2 minutes
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La justice ordonne le blocage du site WatchPeopleDie en France sous 15 jours pour lutter contre la diffusion de contenus violents et illégaux.
Le site WatchPeopleDie devra cesser d’être accessible en France dans les quinze prochains jours, selon la décision récente d’un tribunal français. Les principaux opérateurs télécoms — Orange, Free, SFR et Bouygues Telecom — ont pour instruction de déployer « toutes les mesures les plus adaptées » afin de bloquer l’accès à cette plateforme, ainsi qu’à ses sous-domaines, depuis l’Hexagone. Alors que l’Arcom avait espéré une réaction sous sept jours, la justice a finalement laissé un délai de quinze jours aux fournisseurs d’accès pour mettre en œuvre ce blocage.
Une injonction assortie de lourdes conséquences
Les opérateurs télécoms qui tarderaient à exécuter cet ordre s’exposent à des sanctions financières importantes. L’Arcom avait initialement proposé une amende de 1 000 euros par jour de retard, soulignant le caractère impératif de la démarche. Ce dispositif restera effectif tant que des contenus jugés illicites seraient diffusés par le site ; il pourra néanmoins être levé dans le cas où la plateforme disparaitrait ou cesserait ses activités, sur validation du régulateur.
Un site controversé pointé du doigt
La sévérité de la mesure a été justifiée par la nature même de WatchPeopleDie. La plateforme, qui revendique plus de 4,5 millions de membres inscrits, se spécialise dans la diffusion de vidéos d’accidents mortels, d’homicides, d’actes de guerre ou encore de scènes de torture, sans filtre. Selon la justice, ce portail porte atteinte à la dignité humaine et ne propose aucune protection efficace destinée à empêcher l’accès des mineurs à ces contenus.
Les faits déclencheurs
- L’Office anticybercriminalité (OFAC) avait sollicité le retrait de trois vidéos spécifiques mettant en avant des actes de torture et de barbarie.
- Le site n’a donné aucune réponse à ces interpellations officielles.
- Face à l’absence totale de modération, l’Arcom s’est appuyée sur l’article 6-3 de la Loi pour la confiance dans l’économie numérique (LCEN).
Une offensive des autorités françaises
Cette opération s’inscrit dans une dynamique de renforcement du contrôle du Web sur le territoire. L’Arcom, soutenue par la ministre déléguée au Numérique Anne Le Hénanff, entend ainsi « montrer les muscles ». La ministre a d’ailleurs salué la décision de la justice, rappelant que ce type de plateformes « n’a pas sa place en France ».
Une préoccupation sociétale de plus en plus forte
Les dangers sociétaux liés à ces contenus violents sont soulignés depuis plusieurs années par des associations telles que l’Anti-Defamation League (ADL). Selon leurs analyses, de tels sites constituent des espaces qui banalisent la violence extrême et peuvent faciliter l’accès à des contenus à caractère suprémaciste ou terroriste, avec un risque de désensibilisation parmi les plus jeunes internautes.
Un contexte juridique qui s’étend
L’action en justice contre WatchPeopleDie intervient alors que d’autres plateformes sont également dans le viseur des autorités. L’Arcom a, par exemple, lancé des démarches à l’encontre du service de streaming Kick, à la suite de la diffusion d’un événement dramatique en direct impliquant le streamer Jean Pormanove. Une décision judiciaire concernant cette affaire parallèle devrait être rendue sous peu.
Un blocage technique à l’épreuve des utilisateurs
Cette décision marque une étape importante dans la lutte contre la diffusion de contenus extrêmes sur internet. Toutefois, une question subsiste : le blocage par les opérateurs suffira-t-il à limiter pleinement l’accès à ces sites alors que les VPN et autres outils de contournement sont largement utilisés par les internautes avisés ?