Taxe sur les préservatifs et contraceptifs pour relancer la natalité : bonne ou mauvaise idée ?
Publié le 20 décembre 2025 à 16:51 par Astrid MaisoneuveDurée de lecture : environ 2 minutes
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La Chine installe une TVA sur les contraceptifs dès 2026 pour freiner la baisse démographique, suscitant débat et inquiétude parmi la population.
Depuis plusieurs années, la France est confrontée à une baisse marquée des naissances. En 2024, environ 600 000 bébés sont venus au monde, soit une diminution de 22 % par rapport à 2010. Le taux de fécondité s’établit aujourd’hui à 1,6 enfant par femme, un niveau historiquement bas, rarement observé depuis la Première Guerre mondiale. Pour tenter d’enrayer cette tendance, différentes pistes sont envisagées par les pouvoirs publics : meilleure prise en charge de la petite enfance, adaptation des congés parentaux ou encore soutien du pouvoir d’achat des familles via des mesures fiscales. Autant de solutions qui visent à faciliter la vie des familles, à l’inverse de stratégies plus radicales adoptées dans d’autres pays.
Quand la Chine mise sur la taxe pour favoriser les naissances
De son côté, la Chine a opté pour une approche bien différente afin de stimuler la natalité. Le gouvernement chinois a annoncé l’instauration prochaine d’une taxe sur la valeur ajoutée (TVA) sur les préservatifs, les médicaments contraceptifs et autres produits de contraception. Il s’agit d’un revirement notable, puisque ces articles bénéficiaient d’une exonération de taxe depuis 1993, année de l’introduction de la TVA nationale en Chine. À partir du 1er janvier 2026, ces produits seront assujettis à une TVA de 13 %. La mesure vise explicitement à encourager les naissances dans un contexte de baisse inquiétante du taux de natalité.
Une chute inédite du taux de natalité
Cette décision survient alors que la Chine traverse une crise démographique inédite depuis la création de la République populaire en 1949. Selon les démographes, le pays connaît actuellement le taux de natalité le plus faible de son histoire. En l’espace de sept ans, le nombre de naissances annuelles a quasiment été divisé par deux, passant de 18 millions en 2016 à 9,6 millions en 2022. À cela s’ajoute une diminution significative des mariages, avec une baisse d’un cinquième enregistrée en 2024. Interrogé sur cette nouvelle politique, le spécialiste He Yafu estime qu’il est "raisonnable de rétablir la taxation des contraceptifs" pour encourager les naissances, tout en soulignant qu’il est "peu probable que cette mesure ait un impact significatif sur le taux de fécondité".
Des réactions vives au sein de la population
L’annonce de cette taxe a suscité de nombreuses réactions parmi les citoyens chinois, certains la jugeant particulièrement sévère. Hu Lingling, mère d’une fillette de cinq ans, n’a pas hésité à qualifier la mesure d’"impitoyable". Elle affirme ne pas vouloir de deuxième enfant et déclare vouloir "montrer la voie de l’abstinence" en guise de réponse à cette pression sociale croissante. Pour cette mère de famille, cette politique est "aussi grotesque, surtout si on la compare aux avortements forcés de l’ère de la planification familiale".
Vers une restriction de l’accès aux moyens de contraception
Le coût des moyens de contraception devrait ainsi augmenter en Chine dès 2026. À titre d’exemple, le prix moyen d’une boîte de préservatifs varie actuellement entre 40 et 60 yuans, soit environ 4,80 à 7,25 euros. Pour la pilule contraceptive, disponible sans ordonnance, le tarif oscille entre 50 et 130 yuans, soit l’équivalent de 6 à 15 euros par plaquette. L’instauration de la TVA vise donc à rendre ces produits moins accessibles, dans l’espoir de faire remonter la courbe des naissances à terme.